Bavures, Violences Policières et Crimes d’État

Bavures, Violences Policières et Crimes d’État

Jeune étudiant de 22 ans à l’École supérieure des professions immobilières et passionné de Jazz, Malik Oussekine a été la victime d’une bavure policière le 6 décembre 1986 par une équipe de voltigeurs en moto tout-terrain. Le premier conduit et le second armé d’une matraque, les voltigeurs ont pris Malik Oussekine, qui sortait de son club de musique, pour un casseur suite à la vague de manifestations des étudiants et lycéens contre le projet Devaquet.

Flashé à 160 km/h et en état d’ébriété, Glen  » Rodney  » King a été tabassé à mort à l’aide de matraques électriques par quatre officiers du Los Angeles Police Department (LAPD). Les quatre policiers sont acquittés le 29 avril 1992 par un jury principalement composé de blancs. La colère éclate parmi la population noire en général, dont celle de Watts à Los Angeles, et déclenche dans la ville la plus importante émeute raciale du XXe siècle aux États-Unis.

Né au Libéria en Afrique de l’Ouest, Amadou Diallo d’origine guinéenne était un jeune immigré musulman de 23 ans qui habitait New York depuis 1996 et qui suivait des cours d’informatique. Au 4 février 1999, pris pour un violeur au signalement identique et sans la moindre sommation, quatre policiers en civil de l’unité Street Crime Unit ont tiré 41 fois avec leur arme à feu et l’ont atteint à 19 reprises. Edward McMellon, Sean Carroll, Kenneth Boss et Richard Murphy, les quatre officiers ont été acquittés le 25 février 2000. Amadou ne portait pas d’arme et n’avait pas de casier judiciaire.

Activiste âgé de 23 ans, d’origine roumaine et vivant à Gènes, Carlo Guiliani a été abattu d’une balle dans la tête le 20 juillet 2001 durant les émeutes anti-G8 de Gènes, par le carabinier Mario Placanica, 24 ans et également acquitté à son procès, puis roulé dessus par 2 fois par la Jeep des forces de l’ordre italiennes qui lançaient des gaz lacrymogènes sur les manifestants leur jetant des pierres.

Les émeutes de Clichy-sur-Bois de 2005 en France tirent leurs racines dans le tragique décès de Ziad Benna, 17 ans, et Bouna Traoré à peine âgé de 15 ans, morts par électrocution alors qu’ils étaient poursuivis par la police. Les lourds incidents qui ont suivi ont été attisés par le jet d’une grenade lacrymogène à proximité d’une mosquée en plein mois de Ramadan, et par les forces de l’ordre pour des raisons toujours inconnues quatre ans après.

Dernier fait en date, un adolescent anarchiste de 15 ans et du nom d’Alexandros Grigoropoulos assassiné le 6 décembre 2008, à Athènes, vers 21 heures suite au tir de l’officier Epaminondas Korkoneas ayant prétendu qu’un groupe d’une trentaine de jeunes balançaient des pierres ou cocktail Molotov sur un véhicule de police. D’après des témoins, il ne s’agissait que d’une simple altercation verbale entre deux jeunes et la police dans le quartier Exarcheia où les violences policières sont monnaie courante.

Père de deux enfants, Abner Louima a été torturé, violé, sodomisé par le manche d’une ventouse dans les toilettes de la police new-yorkaise (NYPD) par l’agent Justin Volpe. Jean Charles de Menezes a été abattu de sept balles dans la tête dans le métro de Londres suite aux attentats du 7 juillet 2005 à Londres. Dealer de crack, Sean Bell a été brutalisé avec ses amis Joseph Guzman et Trent Benefield et tué dans une fusillade le soir de sa fête d’enterrement de vie de garçon par des détectives en civil de la police de New York.

Des tueurs protégés par leur plaque d’agent de police et mandatés par l’état arbitraire dont la justice complice pardonne souvent les vilaines méprises dû au stress dans certains cas ou au conditionnement médiatique par les artifices de la machine tyrannique pour d’autres faits innommables et dans un registre analogue, le très lâche assassinat de Rachel Corrie. Vénérable militante qui s’est battue jusqu’au bout pour ses idéaux, Rachel Corrie était une étudiante universitaire de 23 ans à Olympia dans l’État de Washington qui était partie pour les territoires occupés de la Palestine. Ayant pénétrée une zone contrôlée par les forces d’occupation israéliennes, Rachel a été assassinée de sang-froid par un soldat de Tsahal comme Gad Elmaleh autrefois ou Gilad Shalit le prisonnier de guerre du Hamas, écrasée le 16 mars 2003 par un bulldozer Caterpillar D9 à Rafah dans la Bande de Gaza, alors qu’elle essayait avec d’autres militants de son organisation ISM (mouvement non-violent international de solidarité), d’arrêter pacifiquement la démolition de la maison d’un médecin palestinien soupçonné de cacher des tunnels servant au passage d’armes provenant d’Égypte.

Le témoignage de Dreg Sha.

« Bonjour,

Je pense que vous avez probablement tous entendu parler de la mort de Rachel Corrie. Rachel était une personne remarquable. Elle était intelligente, créative, un peu artiste. Elle avait un excellent sens de l’humour, elle aimait la vie et était incroyablement belle, physiquement et intérieurement.

Lors de ce mois que j’ai passé ici à Rafah, j’ai personnellement développé une amitié très forte avec elle. Ce qui lui est arrivé est une tragédie et un meurtre. Ce fut un gâchis humain injustifié et tragique. Evidemment, ce que Rachel, les autres internationaux et moi faisons ici est incroyablement risqué. J’ai rarement passé une journée ici sans craindre d’être touché par une balle perdue parce que les Forces de Défense Israélienne tire régulièrement au hasard dans toute la ville.

Mais je n’aurais jamais pensé que l’un d’entre nous se ferait tuer par l’un de ces bulldozers lents et lourds. Rachel se tenait devant la maison d’une famille avec laquelle elle avait des liens étroits. Elle y avait dormi plusieurs nuits et ces trois mois, différents américains ou européens y restaient chaque nuit.

Rachel était nettement visible pour le conducteur du bulldozer. Il n’y a aucune possibilité pour qu’il ne l’ait pas vue. Elle portait une veste orange fluo. Nous étions huit au total sur les lieux, quatre Américains et quatre Britanniques. Il y avait deux bulldozers et un tank. Notre groupe s’était déployé parce que les bulldozers attaquaient une grande surface qui comprenait trois maisons toujours occupées par des familles.

Rachel se tenait là, seule, parce qu’elle s’était occupée de cette famille et parce qu’elle pensait avoir raison.

Les destructions de ces maisons par les bulldozers étaient et sont illégales.

Alors qu’il s’approchait de plus en plus de Rachel, le bulldozer a commencé à pousser la terre sous ses pieds. Elle avançait péniblement pour rester sur le dessus du monticule qui grossissait rapidement. A un moment elle s’est retrouvée assez haut, presque sur la pelle. Assez près pour que le conducteur la regarde dans les yeux.

Elle a alors commencé à s’enfoncer, avalée dans le monticule de terre sous la pelle du bulldozer. Il ne s’est pas arrêté ou n’a même pas ralenti. Il a continué à avancer, sa pelle au niveau du sol, jusqu’à ce qu’il lui passe entièrement dessus. Alors il s’est mis en marche arrière, la pelle toujours au niveau du sol, et lui est repassé dessus. Pendant tout cette scène d’horreur, nous sept hurlions et criions  » Arrêtez !  » tout en courant vers l’endroit.

Rachel gisait sur le sol, tordue de douleur et partiellement enterrée. Sa lèvre supérieure était lacérée et saignait abondamment.

Elle a dit une seule chose :  » Je me suis cassé le dos « . Après ça elle ne pouvait plus dire son nom ni même parler. Nous l’avons soutenue et lui avons dit de se détendre. Je lui ai demandé de serrer ma main, et elle l’a fait, montrant qu’elle pouvait nous entendre. Je lui ai demandé de respirer avec moi et elle l’a fait : inspire, expire, inspire, expire.
Nous lui avons tous dit que nous l’aimions.

Mais on pouvait voir que son état se détériorerait rapidement. Des signes indiquant une hémorragie interne à la tête ont commencé à apparaître. Environ un quart d’heure plus tard, des ambulanciers sont arrivés et l’ont emmenée à l’hôpital.

Certains diront et disent déjà que ce que nous faisons ici est excessivement dangereux et stupide.

Je suis d’accord. Je ne voudrais rien de plus au monde que de revoir Rachel vivante. Mais cela ne change rien au fait que Rachel ait été assassinée. L’armée israélienne a commis un meurtre alors qu’elle commettait le crime de la démolition de maisons illégale.

Rachel, elle, n’avait commis aucun crime.

L’IDF a déjà commencé à transformer cette histoire, en disant que Rachel avait glissé devant le bulldozer, et que la résistance tirait considérablement sur les lieux, d’où leur comportement agressif. Tout ceci est faux. Il y a sept témoins oculaires internationaux et des photos pour confirmer la vérité.

Personnellement, je suis en état de choc et je souffre. J’ai appris beaucoup plus que je n’ai jamais voulu savoir sur ce que ressent un Palestinien. La plupart de mes amis ici ont déclaré leur désir de rester, et que d’autres encore viennent nous rejoindre.

Moi, j’ai décidé de raconter l’histoire de Rachel. Au-delà de ça, je compte quitter cet endroit bientôt (si je le peux), car je ne pense pas pouvoir en supporter beaucoup plus. Tout cela à la veille de la  » Guerre en Irak II « , bientôt dans une machine à propagande près de chez vous.

Love. Dreg. »

Police partout. Justice nulle part.

Ne les oublions jamais.

Saïd Ahmiri

Sources : Wikipedia, Dissident-media, http://lists.cu.groogroo.com/